- Depuis le mois de mars, des députés se penchent sur les effets psychologiques de TikTok sur les mineurs dans le cadre d'une commission d'enquête parlementaire.
- Ce mardi, cinq influenceurs controversés seront interrogés à l'Assemblée nationale.
- Il s'agit d'Alex Hitchens, AD Laurent, Manon et Julien Tanti et Nasdas.
Ils ont été choisis pour leurs contenus problématiques - sexistes, virilistes, violents - ou des pratiques commerciales trompeuses. Ce mardi à partir de 16h, cinq influenceurs seront interrogés par les députés membres de la commission d'enquête sur les effets psychologiques de TikTok sur les mineurs. Il s'agit d'Alex Hitchens, AD Laurent, Julien et Manon Tanti, et Nasdas.
Créée en mars dernier par Laure Miller (Ensemble pour la République) et Arthur Delaporte (Parti socialiste), elle a pour but "d’étudier et de quantifier les dispositifs de captation de l’attention utilisés par TikTok ainsi que leurs effets psychologiques"
, "d’examiner les risques liés à l’exposition des jeunes utilisateurs aux contenus dangereux et à l’addiction numérique sur la plateforme"
et d'analyser les mesures de protection mises en place par le réseau social chinois.
Pourquoi eux ?
Après de nombreux experts, des influenceurs comme Hugo Décrypte ou Monsieur le Chat ont été interrogés. Cette fois-ci, c'est au tour de créateurs de contenus jugés problématiques de répondre aux questions des élus. Comment ont-ils été choisis ? Pourquoi eux ? "Parce qu'ils sont remontés des signalements qui ont été faits par les citoyens. On avait lancé une grande consultation citoyenne il y a de cela un mois et demi, nous l'avons clôturée à la fin du mois de mai, on a eu plus de 30.000 réponses et parmi ceux qui revenaient de façon récurrente quand on demandait quels sont les influenceurs qui vous choquent il y avait ces noms-là"
, a expliqué ce mardi sur BFMTV Arthur Delaporte.
"Et quand on a fait des tables rondes sur des thématiques spécifiques, par exemple sur le sexisme, on nous parlait beaucoup d'AD Laurent ou d'Alex Hitchens et donc c'est pour ça qu'on a choisi de les convoquer"
, a poursuivi le député du Calvados. "Pour savoir s'ils comprennent bien qu'il y a énormément de mineurs qui regardent leurs contenus, et voir leur modèle économique car ces contenus problématiques rapportent beaucoup d'argent."
Condamnations et fermetures de compte
Nombre de ces influenceurs ont déjà été signalés pour leurs contenus choquants, ont vu leurs compte supprimés par certaines plateformes pour ces raisons, et certains ont même été condamnés. Ainsi, alors qu'Instagram avait déjà fermé son compte, AD Laurent a été privé de son profil TikTok il y a quelques jours après un signalement de la ministre chargée de l'Egalité femmes-hommes Aurore Bergé. Elle reprochait à l'ancien candidat de téléréalité devenu acteur porno, par ailleurs visé par une plainte pour viol, d'y propager "une vision déformée et toxique de la sexualité où la domination et la violence prennent le pas sur le respect et le consentement"
. Julien Tanti a lui été épinglé en mars par la répression des fraudes et condamné pour "pratiques commerciales trompeuses" liées au trading sur son compte Instagram et sa chaîne Telegram. Avec sa femme Manon, il leur est également reproché de trop filmer et mettre en avant leurs enfants, et de monétiser cette exposition.
Alex Hitchens s'autoproclame lui "coach en séduction". Ses vidéos censées aider les hommes à trouver l'amour sont en fait des condensés de virilisme et de misogynie. Quant à Nasdas, suivi par plus de 9 millions de personnes sur Snapchat, il filme son quotidien dans le sud de la France. Les débordements - nudité, bagarre - sont réguliers sur ses plateformes, et récemment il a choqué en filmant comme une téléréalité des jeunes mineurs, précaires, fugueurs, venus le trouver pour espérer bénéficier de son aide et de son argent, qu'il a pris l'habitude de distribuer à Perpignan (Hérault). Dimanche il a dit se retirer des réseaux sociaux pour se "recentrer (...) sur l'essentiel : ma famille et ma vie personnelle"
. Sa convocation à l'Assemblée nationale y est-elle pour quelque chose ?