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Comprendre le mode de désignation du secrétaire général de l’ONU


L’intention prêtée à Macky Sall de briguer le poste de secrétaire général des Nations Unies suscite un débat passionné sur les réseaux sociaux et les médias, quand bien même l’ancien chef de l’Etat sénégalais ne s’est pas encore officiellement prononcé.
Des internautes sénégalais et africains ont beaucoup commenté l’éventualité de la candidature de l’ancien président du Sénégal à la succession du Portugais, António Guterres, dont le second mandat à la tête de l’Organisation des Nations unies (Onu) s’achève en décembre 2026.
Si le gouvernement sénégalais avait officiellement soutenu et fait campagne pour la candidature d’Amadou Hott au poste de président de la Banque africaine de développement (BAD), la dernière sortie de la ministre de l’Intégration africaine et des Affaires étrangères laisse envisager le contraire.
Yassine Fall, qui a longtemps travaillé dans le système des Nations Unies, a notamment dressé le profil et les exigences du poste de secrétaire général de l’ONU. Une sorte de portrait-robot du patron de l’organisation qui ne correspondrait pas, à ses yeux, au personnage de Macky Sall qui séjourne au Maroc depuis son départ du pouvoir, le 2 avril 2024.
La cheffe de la diplomatie sénégalaise n’a pas manqué d’évoquer le principe de la rotation géographique qui laisserait peu de chance à une candidature africaine lors des prochaines échéances en 2026. Un point de vue dans un débat encore présent dans l’espace public africain.
‘’Macky Sall SG de l’ONU : un mauvais signal pour l’institution ?’’, s’interroge par exemple le journal en ligne béninois la Nouvelle Tribune en faisant allusion à cette rumeur non confirmée. Le Courrier international signale également un ‘’discret lobbying’’ de l’ancien président sénégalais, Macky Sall, pour se positionner dans la course à la succession du secrétaire général d’António Guterres. Le site français parle notamment ‘’d’une activation de réseaux’’ aux États-Unis, en Chine, en France, en Arabie saoudite et en Afrique du Sud.
Comment se passe l’élection au poste de secrétaire général de l’ONU ?
L’article 97 de la Charte des Nations Unies dispose que  “le Secrétaire général est nommé par l’Assemblée générale sur recommandation du Conseil de sécurité”.
Selon le site officiel de l’ONU, l’Assemblée générale a adopté en 2015 une résolution qualifiée “d’historique qui met en place une nouvelle procédure, plus transparente, ouverte et inclusive” pour sélectionner et nommer le Secrétaire général.
La même source renseigne que ce processus a été mis en œuvre avec succès en 2016 lors de la 70e session de l’Assemblée générale, ajoutant que, pour la première fois, l’ensemble du processus de nomination a été public.
Les candidat(e)s ont été invité(e)s à fournir une déclaration de vision stratégique et ont pu participer à des dialogues informels avec l’ensemble des États membres de l’Assemblée générale. C’est ainsi que l’Assemblée général avait nommé António Guterres du Portugal au poste de Secrétaire général le 13 octobre 2016, suivant la recommandation du Conseil de sécurité et à l’issue de cette nouvelle procédure. Le second mandat de M. Guterres, qui a débuté le 31 décembre 2021, prendra fin en décembre 2026.
La Charte des Nations Unies mentionne six étapes dans le processus de sélection et de nomination du secrétaire général de l’ONU.
La procédure s’ouvre avec une lettre conjointe de la Présidence de l’Assemblée générale et celle du Conseil de sécurité. Cette note est publiée pour ainsi marquer officiellement le début du processus de sélection et de nomination au poste de Secrétaire général, informe le site internet de l’organisation. 
Il s’en suivra une présentation des personnes candidates. La Présidence de l’Assemblée générale et celle du Conseil de sécurité communiquent conjointement à tous les États membres les noms des personnes qui ont été soumises à l’examen.
Les candidats retenus sont ensuite invités à soumettre une déclaration de vision stratégique et à participer à un dialogue informel avec les États membres à l’Assemblée générale.
Conformément à la Charte des Nations Unis, le Conseil de sécurité fait une recommandation à l’Assemblée générale. Les années où plusieurs candidats sont à l’étude, le Conseil a procédé à un scrutin avant d’adopter sa résolution.
Dans un article publié en 2006, le professeur de droit public à l’université de Reims, Albert Bourgi, faisait état de “l’unanimité qui s’était rapidement dégagée” en faveur du Secrétaire général, le sud-coréen Ban Ki Moon, qui a pris fonction le 1er janvier 2007.
Dans ce papier intitulé “l’élection du nouveau secrétaire général de l’Onu”, l’universitaire expliquait que “tant au Conseil de sécurité qu’à l’Assemblée générale – où les 192 Etats membres l’ont nommé par acclamation –, revêt sans nul doute une grande portée politique”. C’est après cette étape que l’Assemblée générale confirme la nomination du secrétaire général par l’adoption d’une résolution.
Qu’en est-il réellement de la rotation géographique ou régionale ?
Le principe de rotation géographique dans la nomination au poste de Secrétaire général de l’ONU est généralement évoqué à l’approche de chaque élection du secrétaire général de l’organisation internationale. Il n’est pas toutefois une règle officielle suivie à la lettre dans le mode de désignation. Ce principe est plutôt une pratique qui devrait permettre d’assurer une certaine “représentation équitable des différentes régions du monde”, en favorisant la diversité et l’inclusion à l’ONU et ainsi éviter une concentration des nominations au poste de SG dans un même continent ou groupe d’États.
Toutefois, en 80 ans d’existence, les cinq membres permanents de l’organisation disposant du droit de veto ne se sont jamais considérés comme tenus par les règles non écrites, y compris celles de la rotation régionale et du double mandat. Des considérations diplomatiques et politiques s’avèrent plus déterminantes dans le mode d’élection.
Dans son article cité plus haut, Albert Bourgi rappelle qu’au cours de discussions informelles qui ont eu lieu au Conseil de sécurité dès février 2006 sur le prochain Secrétaire général, “les Etats-Unis, suivis en cela par le Royaume-Uni, s’étaient déjà élevés contre le principe de la rotation régionale, à l’inverse de la Chine qui, soutenue par la Russie, affirmait que, avec deux milliards d’habitants, l’Asie pouvait fournir les candidats les plus qualifiés”.
En cela, indique-t-il, le candidat originaire d’Asie, Ban Ki-moon n’a pas été le “premier choix des Etats-Unis – qui lui auraient préféré un candidat originaire d’Europe centrale et orientale – ni d’ailleurs du Royaume-Uni et, dans une moindre mesure, de la France, il était, en tant qu’Asiatique, acceptable pour les cinq”.
Ainsi, de 1946 à 2026, le tableau des 9 SG élus ne reflète pas le respect de ce principe de rotation géographique ou régionale. L’Europe occupe le haut du pavé avec 4 secrétaire élus, en plus de l’intérim du britannique Sir Gladwyn Jebb (1945-1946). L’Asie et l’Afrique sont à égalité avec deux secrétaires généraux, l’Egyptien Boutros Boutros-Ghali (1992-1996) et le Ghanéen Koffi Annan (1997-2006). Un seul secrétaire général est pour le moment originaire d’Amérique du Sud, en la personne du péruvien Javier Pérez de Cuéllar (1982-1991).
Le tableau laisse apparaitre également des patrons successifs de l’organisation internationale qui viennent du même continent. C’est le cas des deux premiers secrétaires généraux, le Norvégien Trygve Lie (1946-1952) qui a précédé au Suédois Dag Hammarskjöld (1953-1961), décédé en fonction lors de son second mandat.
L’égyptien Boutros Boutros-Ghali (1992-1996) qui a fait un seul mandat a également été remplacé par le Ghanéen Koffi Annan (1997-2006).
L’élection à ces stations stratégiques internationales obéit par moments à des considérations non écrites. En 2002 par exemple, le diplomate et écrivain congolais Henri Lopès, était en pole position pour succéder à l’Egyptien Boutros Boutros-Ghali à la tête de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF).
Il avait le soutien de beaucoup de pays africains avant que l’apparition dans la course de l’ancien président sénégalais Abdou Diouf, qui a quitté le pouvoir deux ans plutôt, ne vienne limiter ses chances.
 “J’ai été contraint de me retirer”, avait-il dit à l’époque sur les ondes de Radio France Internationale (RFI). Celui qui cherchait le poste depuis le sommet de Hanoi en 1997 avait fini par marteler qu’il n’avait “plus le cœur de se présenter à la tête d’une organisation dont l’élection du secrétaire général se fait dans l’opacité… Il avait été convenu que l’Afrique choisirait son candidat. Aujourd’hui, on a choisi pour l’Afrique’’.
En recevant en 2009 à l’Université d’Etat de Louisiane (USA) le prix Louisiane 2009, Henri Lopès disait ceci: “J’ai ambitionné, il y a sept ans, de devenir le Secrétaire général de l’Organisation Internationale de la Francophonie (l’OIF). Nous étions deux candidats. L’autre était M. Abdou Diouf, ancien président de la République du Sénégal. Un homme compétent, avec une vaste expérience politique, une grande culture, et une remarquable élégance d’esprit. Un ami du temps de nos études à Paris. J’ai eu de la chance ; c’est lui qui fut choisi. Car si j’avais été le malheureux élu, il m’aurait fallu renoncer à l’écriture”.





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« Une position incohérente et hypocrite », Capitaine Touré recadre Me Youm après sa déclaration sur l’amnistie

L’ancien capitaine de la gendarmerie et actuel Directeur général de l'Agence d’Assistance à la Sécurité de Proximité (ASP), Seydina Oumar Touré, a vivement critiqué la récente prise de position de Me Oumar Youm, ancien ministre sous le régime de Macky Sall.

S’exprimant sur la polémique autour de la loi interprétative qui sera soumise au vote le 2 avril à l’Assemblée nationale, Seydina Oumar Touré s’étonne de l’attitude de l’ancien ministre, qu’il juge contradictoire avec son propre engagement politique. « J’ai parcouru le texte de Maître Oumar Youm, ancien ministre du Président Macky Sall. Je trouve sa position très paradoxale, c’est à la limite une négation de son appartenance politique », a-t-il déclaré.

Me Youm, de son côté, dénonce cette loi interprétative qu’il considère comme une reconnaissance implicite des crimes et délits imputés aux membres du PASTEF. Il estime qu’au lieu d’abroger la loi d’amnistie promise, le pouvoir en place propose un texte « indigeste » visant, selon lui, à protéger des « délinquants » au détriment de ceux qui ont défendu la République.

En réponse, Seydina Oumar Touré remet en question la cohérence de la démarche de Me Youm, rappelant que cette loi a été adoptée sous son propre gouvernement. « Faire voter une loi par son parti en marge des canaux appropriés, en moins d’une année, et ‘espérer’ son abrogation, tout en reprochant au régime en place de ne pas l’avoir abrogée, me paraît incroyablement incohérent et foncièrement hypocrite », a-t-il asséné.

Allant plus loin dans son analyse, l’ancien officier de la gendarmerie accuse l’ancienne majorité, aujourd’hui dans l’opposition, de manquer de respect au peuple sénégalais. « Aujourd’hui plus que jamais, le pouvoir de jadis, opposition actuelle, repousse inexorablement les limites de l’irrespect et du manque de considération vis-à-vis du peuple souverain », a-t-il conclu.