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Un magistrat corrige sèchement Ismala Madior Fall


Un magistrat corrige sèchement Ismala Madior Fall
Réponse au Pr Ismaïla Madior FALL : RESPECTER LA SEPARATION DES
POUVOIRS !
 
En dépit de son droit de réserve, le magistrat peut, comme l’y autorise l’article 11 de son
Statut, traiter dans les médias des sujets d’ordre professionnel ou technique.
Dans une interview accordée à un organe de presse, le Pr Ismaila Madior FALL, ministre des
Affaires étrangères et des Sénégalais de l’extérieur, avec le drapeau national mis en exergue,
s’est prononcé sur beaucoup de points suite au report annoncé de l’élection présidentielle du
25 février 2024 et le vote par l’Assemblée nationale d’une loi entérinant ce report au 15
décembre 2024.
Sur l’éventualité d’un recours devant le Conseil constitutionnel, il est revenu en détails pour
faire des développements sur la nature de la loi votée à l’Assemblée nationale. Il la qualifie de
loi constitutionnelle et estime qu’elle est particulière et couverte d’une certaine
« injusticiabilité ». Ajoute-t-il, conformément à sa jurisprudence constante, le Conseil
constitutionnel « se déclare incompétent pour contrôler la loi constitutionnelle... le pouvoir
constituant est souverain … si elle était attaquée le Conseil constitutionnel se déclare
incompétent ».
Etant membre du Gouvernement actuel, du pouvoir exécutif, il devrait s’abstenir de prendre
une telle position dès lors que le Conseil constitutionnel pourrait être saisi de recours contre
cette loi. Cette démarche publique, empreinte de certitude dans son propos affirmatif, viole la
séparation des pouvoirs proclamée et garantie par la Constitution du Sénégal avec son
corollaire, l’indépendance de la justice. Les révolutionnaires de 1789 l’ont déjà gravée dans
l’article 16 de la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen, en ces termes : « toute
société dans laquelle la garantie des droits n’est pas assurée ni la séparation des pouvoirs
déterminée, n’a point de Constitution ».
Ce principe général de droit qui prévoit des attributions propres pour les pouvoirs législatif,
exécutif et judiciaire comporte des implications plus avancées, à savoir, le respect par un
membre d’un pouvoir donné des attributions de l’autre pouvoir. Toute déclaration
tendancieuse de nature à porter atteinte, à influencer ou à gêner l’office du juge est à
proscrire. Ces pouvoirs coexistent dans un Etat démocratique; les hommes ou femmes qui les
incarnent doivent par conséquent faire preuve de retenue sous peine d’installer la confusion
des rôles, décrite par Montesquieu dans L’Esprit des lois comme l’un des « plus grands
dangers ».
Du respect de la séparation et de l’équilibre des pouvoirs dépendent la perception positive ou
négative du citoyen de sa justice et sa confiance dans les Institutions de la République.
 
Youssoupha DIALLO
 Magistrat

Sambou Biagui




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« Une position incohérente et hypocrite », Capitaine Touré recadre Me Youm après sa déclaration sur l’amnistie

L’ancien capitaine de la gendarmerie et actuel Directeur général de l'Agence d’Assistance à la Sécurité de Proximité (ASP), Seydina Oumar Touré, a vivement critiqué la récente prise de position de Me Oumar Youm, ancien ministre sous le régime de Macky Sall.

S’exprimant sur la polémique autour de la loi interprétative qui sera soumise au vote le 2 avril à l’Assemblée nationale, Seydina Oumar Touré s’étonne de l’attitude de l’ancien ministre, qu’il juge contradictoire avec son propre engagement politique. « J’ai parcouru le texte de Maître Oumar Youm, ancien ministre du Président Macky Sall. Je trouve sa position très paradoxale, c’est à la limite une négation de son appartenance politique », a-t-il déclaré.

Me Youm, de son côté, dénonce cette loi interprétative qu’il considère comme une reconnaissance implicite des crimes et délits imputés aux membres du PASTEF. Il estime qu’au lieu d’abroger la loi d’amnistie promise, le pouvoir en place propose un texte « indigeste » visant, selon lui, à protéger des « délinquants » au détriment de ceux qui ont défendu la République.

En réponse, Seydina Oumar Touré remet en question la cohérence de la démarche de Me Youm, rappelant que cette loi a été adoptée sous son propre gouvernement. « Faire voter une loi par son parti en marge des canaux appropriés, en moins d’une année, et ‘espérer’ son abrogation, tout en reprochant au régime en place de ne pas l’avoir abrogée, me paraît incroyablement incohérent et foncièrement hypocrite », a-t-il asséné.

Allant plus loin dans son analyse, l’ancien officier de la gendarmerie accuse l’ancienne majorité, aujourd’hui dans l’opposition, de manquer de respect au peuple sénégalais. « Aujourd’hui plus que jamais, le pouvoir de jadis, opposition actuelle, repousse inexorablement les limites de l’irrespect et du manque de considération vis-à-vis du peuple souverain », a-t-il conclu.