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17 morts au Sénégal: Antoine Diome place l'Etat à "l'Intérieur" du dossier


L’Etat du Sénégal a lancé une contre-offensive en pleine polémique sur les supposés hommes armés aux côtés des forces de l’ordre lors des dernières émeutes ayant fait 17 morts. Après les reportages des médias étrangers comme France 24 et TV5 qui ont totalement déconstruit les images diffusées par la Police nationale lors de sa conférence, le gouvernement est monté au créneau pour parler de «controverse». Selon le ministre de l’Intérieur, Antoine Félix Diome, il appartient à la justice de dire la vérité.

Le gouvernement du Sénégal n’a pas apprécié le traitement par les médias étrangers des manifestations meurtrières qui ont suivi la condamnation du leader du parti du Pastef Ousmane Sonko pour « corruption de la jeunesse » dans l’affaire Sweat Beauty. « Depuis quelques jours, il s’est installé une controverse sur la diffusion de certaines vidéos. Je voudrais ici annoncer qu’une enquête a été ouverte sur de tels faits. Chaque partie ou du moins chaque observateur peut amener sa part de vérité mais en définitive, il appartiendra  à la justice de dire la vérité sur tout ce qui s’est passé. (…)Aujourd’hui, j’ai regardé sur l’international qu’il y avait une controverse sur les campagnes de désinformation qui pouvaient intéresser un ou plusieurs pays », a laissé entendre le ministre de l’Intérieur, Antoine Félix Diome avant-hier, mardi 13 juin lors d’une visite effectuée sur les chantiers du Bus Rapid Transit.

En effet, des médias étrangers comme TV5 et France 24 ont diffusé des reportages sur les supposés nervis armés lors des manifestations qui ont fait 17 morts et plusieurs blessés. Ils ont déconstruit les vidéos diffusées par la Police nationale et montré que les hommes armés en civil agissaient aux côtés des forces de l’ordre durant les évènements. Lors de sa conférence de presse le 4 juin dernier, la Police a diffusé des images de personnes lourdement armées à bord de Pickup qui tiraient sur les manifestants. « Un bon nombre de manifestants détenaient des armes de guerre dont les forces de défense et de sécurité ne disposent pas », affirmait  le directeur de la Sécurité publique, le commissaire Ibrahima Diop. Seulement que certaines de ces vidéos ont largement été partagées sur les réseaux sociaux avant même la conférence de presse. Plutôt avant la Police, le ministre de l’Intérieur, Antoine Félix Abdoulaye Diome a fait une sortie invoquant des « forces occultes qui avaient pour mission d’attaquer les installations névralgiques pour arrêter l’activité économique ».

La directrice de l’Agence sénégalaise pour la promotion des exportations (Asepex), Zahra Iyane Thiam est également montée au créneau pour déplorer le traitement par les médias étrangers des récentes manifestations. « La posture des médias d’Etat français est-elle due au fait que la France et les sociétés françaises sont larguées dans l’exploitation de nos nouvelles ressources ? Cela justifie-t-elle cette campagne de déstabilisation et les attaques contre le Sénégal ? Que dire de la nouvelle attitude des néo partisans de France ? », a tweeté l’ancien ministre de la Microfinance et de l’Economie sociale et solidaire.

Et pourtant, on évoque que le limogeage ou la démission de l’ancien ministre de l’Energie et Développement des Energies renouvelables, Thierno Alassane Sall serait lié au fait qu’il aurait refusé de signer deux contrats liant le Sénégal au groupe Total.

Quoi qu’il en soit, le gouvernement n’a pas encore trouvé de mot pour convaincre l’opinion. Invité du journal TV5 monde, le directeur de l’Agence sénégalaise de Promotion touristique (Aspt), Papa Mahawa Diouf par ailleurs porte-parole de Benno Bokk Yaakaar sur TV5 a eu toutes les peines du monde à convaincre le journaliste sur la présence des hommes armés aux côtés des forces de l’ordre sur les vidéos.

Mariame DJIGO


Sambou Biagui



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« Une position incohérente et hypocrite », Capitaine Touré recadre Me Youm après sa déclaration sur l’amnistie

L’ancien capitaine de la gendarmerie et actuel Directeur général de l'Agence d’Assistance à la Sécurité de Proximité (ASP), Seydina Oumar Touré, a vivement critiqué la récente prise de position de Me Oumar Youm, ancien ministre sous le régime de Macky Sall.

S’exprimant sur la polémique autour de la loi interprétative qui sera soumise au vote le 2 avril à l’Assemblée nationale, Seydina Oumar Touré s’étonne de l’attitude de l’ancien ministre, qu’il juge contradictoire avec son propre engagement politique. « J’ai parcouru le texte de Maître Oumar Youm, ancien ministre du Président Macky Sall. Je trouve sa position très paradoxale, c’est à la limite une négation de son appartenance politique », a-t-il déclaré.

Me Youm, de son côté, dénonce cette loi interprétative qu’il considère comme une reconnaissance implicite des crimes et délits imputés aux membres du PASTEF. Il estime qu’au lieu d’abroger la loi d’amnistie promise, le pouvoir en place propose un texte « indigeste » visant, selon lui, à protéger des « délinquants » au détriment de ceux qui ont défendu la République.

En réponse, Seydina Oumar Touré remet en question la cohérence de la démarche de Me Youm, rappelant que cette loi a été adoptée sous son propre gouvernement. « Faire voter une loi par son parti en marge des canaux appropriés, en moins d’une année, et ‘espérer’ son abrogation, tout en reprochant au régime en place de ne pas l’avoir abrogée, me paraît incroyablement incohérent et foncièrement hypocrite », a-t-il asséné.

Allant plus loin dans son analyse, l’ancien officier de la gendarmerie accuse l’ancienne majorité, aujourd’hui dans l’opposition, de manquer de respect au peuple sénégalais. « Aujourd’hui plus que jamais, le pouvoir de jadis, opposition actuelle, repousse inexorablement les limites de l’irrespect et du manque de considération vis-à-vis du peuple souverain », a-t-il conclu.