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Motion de censure, menace de dissolution de l’A.N : Vers une cohabitation difficile entre Sonko et Amadou Ba


L’état de grâce est terminé, du moins au plan politique. Place maintenant à la confrontation inévitable entre le nouveau pouvoir incarné par le Pastef et ses alliés de Yewwi Askan wi et l’opposition parlementaire portée par Benno Bokk Yakaar. Les deux camps adverses qui se sont déjà frottés aux urnes lors de la dernière présidentielle du 24 mars 2024, -un scrutin largement favorable à Bassirou Diomaye Faye et Cie-, vont encore en découdre, cette fois, au sommet de l’État. Et les bisbilles entre le porte-parole du gouvernement Moustapha Sarré et le président du groupe parlementaire Benno Bokk Yakaar et non moins premier vice-président de l’Assemblée nationale Abdou Mbow, en disent long sur ce à quoi on devrait s’attendre dans quelques semaines ou mois.  
 
Un avant-goût de ce que seront prochainement les relations entre l’exécutif et le législatif a été donné hier, dimanche 21 avril 2024. Invité de l’émission dominicale de la RFM, Le Grand Jury, le porte-parole du gouvernement Moustapha Sarré annonce d’abord que le premier ministre Ousmane Sonko, jadis farouche opposant de Macky Sall et BBY, va sacrifier à la traditionnelle déclaration de politique général (DPG) dans les délais (au plus tard trois mois après sa nomination) prévu par la loi. Cependant, évoquant une éventuelle motion de censure de la nouvelle opposition, Sarré, mesurant la capacité de nuisance de Abdou Mbow et Cie avec leur majorité quoique ‘’précaire’’ à l’Assemblée nationale, met en garde.  
 
« Voter une motion de censure contre le gouvernement serait ramer à contre-courant de la vision de la majorité du peuple sénégalais. Si jamais il arrivait que des personnes cherchent à faire tomber le gouvernement, ils auraient certainement en face d’eux toute l’opinion publique ; en tout cas la plus grande partie de l’opinion publique du Sénégal. (…) Je crois que nos amis de l’opposition actuelle, qui sont majoritaires à l’Assemblée nationale, ne commettraient pas l’erreur de déposer une motion de censure », lance-t-il, avant de brandir, en représailles, la possibilité pour le président de la République de dissoudre l’Assemblée au bout de deux années de législature, au mois de septembre.  
 
Menace de dissolution de l’Assemblée nationale en cas de blocage  
 
« Cela relève des prérogatives du président de la République. L’Assemblée nationale est, jusqu’ici, une institution, qui fonctionne normalement. Je ne sais pas s’il va le faire ou non. S’il n’y a pas de blocages, certainement, il ne le fera pas. Mais, si jamais il y a blocage du fonctionnement de nos institutions, le président de la République prendra ses responsabilités. Parce que son rôle premier, c’est de faire en sorte que nos institutions fonctionnent normalement », souligne-t-il à titre dissuasif.  
 
Ses mises en garde d’ordre préventif n’ont pas eu l'effet escompté puisqu’ au contraire de pousser le camp adverse à lâcher du lest, elles ont survolté le caractère belliqueux des députés de Benno Bokk Yakaar, au premier chef leur président de groupe. Face aux « menaces à peine voilées » du porte-parole du gouvernement, Abdou Mbow bande les muscles. 
 
« La motion de censure fait partie de la panoplie d’instruments de contrôle de l'action gouvernementale dont dispose l'assemblée nationale. Sa mise en œuvre relève exclusivement de la compétence des députés quant à l'appréciation qu'ils feront du contenu de la Déclaration de politique générale du Premier ministre », rétorque-t-il. Par conséquent, affirme-t-il, « toute velléité de menaces sur les députés de Benno Bokk Yaakaar devient superflue, voire superfétatoire. Élus au suffrage universel direct, les députés de Benno Bokk Yaakaar invitent le gouvernement à respecter le principe de séparation des pouvoirs qui postule que chaque institution de la république s'occupe de ses propres affaires ». 
 
Avec 23 députés, le Pastef dans une posture inconfortable à l’Assemblée nationale 
 
Dans cette confrontation qui se profile, le nouveau président de la République Bassirou Diomaye Faye qui ne dispose que de 23 députés issus du Pastef n’a que deux options : faire des compromis ou dissoudre l’Assemblée. Pour faire prospérer la première option, il devra non seulement se rabibocher avec ses ex-alliés de Wallu Sénégal (PDS) et de Taxawu Dakar -avec qui le Pastef est à couteaux tirés- afin de revenir aux 82 sièges de l’inter-coalition Yewwi-Wallu. Mais, il lui faudra également être en de bons termes avec Benno Bokk Yakaar et sa majorité de 83 députés s’il souhaite que ses projets de lois (surtout constitutionnelle) passent sans accroc. 
 
Car, en matière d’approbation d’une loi constitutionnelle, les textes, en vertu des dispositions de la Constitution, exigent une majorité des 3/5 des députés soit 99 des 165 députés de l’Assemblée nationale. Une cohabitation assez improbable qui ne semble laisser au Chef de l’État qu’une seule issue : la dissolution de l’Assemblée nationale.  

Sambou Biagui




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« Une position incohérente et hypocrite », Capitaine Touré recadre Me Youm après sa déclaration sur l’amnistie

L’ancien capitaine de la gendarmerie et actuel Directeur général de l'Agence d’Assistance à la Sécurité de Proximité (ASP), Seydina Oumar Touré, a vivement critiqué la récente prise de position de Me Oumar Youm, ancien ministre sous le régime de Macky Sall.

S’exprimant sur la polémique autour de la loi interprétative qui sera soumise au vote le 2 avril à l’Assemblée nationale, Seydina Oumar Touré s’étonne de l’attitude de l’ancien ministre, qu’il juge contradictoire avec son propre engagement politique. « J’ai parcouru le texte de Maître Oumar Youm, ancien ministre du Président Macky Sall. Je trouve sa position très paradoxale, c’est à la limite une négation de son appartenance politique », a-t-il déclaré.

Me Youm, de son côté, dénonce cette loi interprétative qu’il considère comme une reconnaissance implicite des crimes et délits imputés aux membres du PASTEF. Il estime qu’au lieu d’abroger la loi d’amnistie promise, le pouvoir en place propose un texte « indigeste » visant, selon lui, à protéger des « délinquants » au détriment de ceux qui ont défendu la République.

En réponse, Seydina Oumar Touré remet en question la cohérence de la démarche de Me Youm, rappelant que cette loi a été adoptée sous son propre gouvernement. « Faire voter une loi par son parti en marge des canaux appropriés, en moins d’une année, et ‘espérer’ son abrogation, tout en reprochant au régime en place de ne pas l’avoir abrogée, me paraît incroyablement incohérent et foncièrement hypocrite », a-t-il asséné.

Allant plus loin dans son analyse, l’ancien officier de la gendarmerie accuse l’ancienne majorité, aujourd’hui dans l’opposition, de manquer de respect au peuple sénégalais. « Aujourd’hui plus que jamais, le pouvoir de jadis, opposition actuelle, repousse inexorablement les limites de l’irrespect et du manque de considération vis-à-vis du peuple souverain », a-t-il conclu.