Thierno Bocoum, juriste, ancien parlementaire et président du mouvement AGIR, a publié une tribune intitulée La vérité face à la manœuvre, critiquant les tentatives du pouvoir de « maquiller un désaveu » après le rejet de la loi interprétative n°08/2025 par le Conseil constitutionnel. Il conteste l’argument selon lequel « les crimes pourront être jugés malgré l’amnistie », le qualifiant de « fallacieux » et de « non-sens juridique ».
Bocoum rappelle que le Conseil constitutionnel, dans son considérant n°31, a invalidé l’alinéa 2 de l’article premier de la loi, qui incluait dans le champ de l’amnistie des crimes imprescriptibles au regard du droit international – tels que l’assassinat, le meurtre, la torture ou les traitements inhumains – lorsqu’ils sont liés à l’exercice d’une liberté publique. « En incluant ainsi dans le champ d’application de la loi portant amnistie des faits imprescriptibles au regard des engagements internationaux à valeur constitutionnelle du Sénégal, l’alinéa 2 viole la Constitution », cite-t-il, dénonçant une « entreprise politique grossière » visant à « blanchir » des actes graves.
Un « rideau de fumée » pour cacher une défaite
Il rejette la « prétendue victoire » revendiquée par le pouvoir comme un « rideau de fumée » pour masquer une « défaite juridique retentissante ». Selon lui, le respect des engagements internationaux en matière de torture ou de traitements inhumains n’a jamais dépendu de cette loi, les juridictions étant déjà compétentes pour s’y référer. Bocoum accuse le pouvoir de manipuler l’opinion avec des « éléments de langage distribués comme des tracts » et répétés « sans esprit critique » par ses relais, mais affirme que « le peuple n’est pas dupe » et connaît « les ficelles des manipulateurs ».
Thierno Bocoum conclut en appelant à la vigilance citoyenne pour « ne pas tomber dans le piège » des manipulations, affirmant que « la lumière finit toujours par percer les ténèbres de la supercherie ».