Dans une lettre ouverte percutante adressée au président Bassirou Diomaye Faye et au Premier ministre Ousmane Sonko, Ibrahima Lissa Faye, président de l’Association des Éditeurs et Professionnels de la Presse en Ligne (APPEL), tire la sonnette d’alarme face à la « mise à mort savamment planifiée » de la presse sénégalaise. Publiée le 30 mai 2025, cette missive dénonce une asphyxie économique qui menace la survie des médias, l’indépendance des journalistes et la liberté d’information, pilier de la démocratie sénégalaise.
Faye rappelle que la presse indépendante, « oxygène de la démocratie », a joué un rôle clé dans l’accession au pouvoir des actuelles autorités. Il fustige l’inaction de l’État face à une crise aggravée par des mesures fiscales oppressantes, des gels de contrats publicitaires et des redressements fiscaux tous azimuts. Malgré les promesses présidentielles du 7 mai 2025 en Conseil des ministres, aucune mesure concrète n’a suivi. Pire, la réponse du ministre de la Communication, Alioune Sall, datée du 27 mai, est qualifiée de « condescendante » et dépourvue de proposition de dialogue.
Derrière les tensions institutionnelles, Faye met en lumière la détresse des travailleurs des médias : salaires impayés depuis des mois, menaces d’expulsion, familles en difficulté, incapacité à couvrir les frais de la Tabaski. « 80 % des entreprises de presse agonisent », avertit-il, soulignant que l’absence d’une presse viable ouvre la voie aux rumeurs et à la désinformation, fragilisant la stabilité nationale.
Cinq mesures urgentes proposées
Pour conjurer cette crise, Ibrahima Lissa Faye exhorte les autorités à :
1. Initier un dialogue constructif avec les acteurs de la presse.
2. Adopter des mesures économiques d’urgence pour sauver entreprises et emplois.
3. Mettre en œuvre les conclusions des Assises Nationales de la Presse.
4. Actualiser les textes régissant le secteur.
5. Renforcer le professionnalisme et la crédibilité des médias.
Citant l’adage « toutes les guerres finissent autour d’une table », Faye insiste sur la nécessité d’un dialogue inclusif pour éviter un point de non-retour. « Préserver une presse crédible n’est pas qu’une question économique, c’est un impératif social et démocratique pour l’avenir du Sénégal », conclut-il, pressant le président et le Premier ministre de prendre leurs responsabilités historiques.